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#LaRéplique. Le gouvernement italien risque la chute à cause du contentieux interne sur le TGV Lyon-Turin

Lors d’une conférence de presse tenue le 7 mars, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a déclaré que « le gouvernement ne risque pas de tomber ». Avec ces mots, il a voulu rassurer les journalistes après la rencontre avec les vice-présidents Luigi Di Maio et Matteo Salvini à propos du Train à Grande Vitesse (TGV) entre Lyon et Turin.

Le Président du Conseil a admis que « le gouvernement italien est dans une impasse à cause des intérêts opposés » entre le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue. Le TGV demeure une source de crispations : le M5S s’oppose à sa construction, jugée inutile et onéreuse, alors que la Ligue le considère comme une étape essentielle. Cependant, cette impasse risque de se transformer en crise de gouvernement.

Un TGV de 20 ans

Le projet pour la construction du Train à Grande Vitesse entre Lyon et Turin prend son origine au début des années 90. La ligne ferroviaire n’a toujours pas été réalisée à cause d’une succession d’interruptions, révisions économiques, procès et manifestations de groupes anti-TGV.

La première étude sur la faisabilité de cet ouvrage est datée de 1991 et fut commandée par les gouvernements italien et français. Ensuite, en 1994, le TGV fut inscrit parmi les 14 projets européens prioritaires dans le secteur des transports.

Il faudra attendre dix ans (le 29 janvier 2001), après trois ans d’études, pour la conclusion d’un traité italo-français en vue de la réalisation du chemin de fer. Ainsi, les gouvernements de Giuliano Amato et Jacques Chirac signèrent le premier accord pour sa construction.

Entre 2005 et 2010, les travaux furent interrompus à cause de manifestations anti-TGV, durant lesquelles les participants vandalisèrent les chantiers, pour reprendre ensuite dans l’été 2011. Selon TELT,  société chargée de la construction et de la gestion du chemin de fer Lyon-Turin, environ 25 kilomètres de tunnel ont été creusés entre Italie et France, correspondant à 15% de l’entièreté de la construction. Les travaux ont été arrêtés début janvier 2019, quand une analyse coûts-bénéfices commandée par le gouvernement Ligue-M5S a rejeté le projet.

Le clivage interne en Italie

L’analyse coûts-bénéfices s’est avérée profondément négative. En effet, l’étude estime un solde négatif de 7-8 milliards. En même temps, l’Union européenne a déclaré que l’Italie risquerait de perdre environ 800 millions en cas de refus du TGV à cause de la violation de deux règlements communautaires. De plus, contrairement à l’analyse italienne, une étude faite par l’UE a promu la ligne ferroviaire Lyon-Turin.

Le gouvernement italien est ainsi dans une impasse : le chef politique du Mouvement Cinq Etoiles Luigi Di Maio a déclaré « ne pas être disponible pour discuter du refus du TGV » et que « les appels d’offres doivent être suspendus ». A l’inverse, le leader de la Ligue Matteo Salvini a exprimé des idées opposées car « le contrat de gouvernement ne peut pas continuer sans le TGV » et il est disposé «  à aller jusqu’au bout de la question ».

Pendant la conférence de presse tenue en mars, le Président du Conseil Italien, Giuseppe Conte, a exprimé lui aussi des doutes sur la construction du TGV : « J’en assume la responsabilité. Je ne suis pas du tout convaincu que ça soit ce dont l’Italie a besoin ». Le Premier ministre a le rôle d’arbitre entre les deux partis de gouvernement et a déclaré vouloir rediscuter le projet avec la France et l’Union européenne.

A la mi-février, le ministre des transports italien Danilo Toninelli et son homologue française Elisabeth Borne ont signé « conjointement une lettre afin de reporter les appels d’offres relatifs à la construction des tunnels ». Le doute est que, jusqu’aux élections européennes de mai, ils éviteront de prendre une décision sur le sujet. Les partis à l’opposition soutiennent que cette motion soit un vote d’échange entre Luigi Di Maio et Matteo Salvini par rapport au case Diciotti, où le M5S a voté pour empêcher le procès au leader le la Ligue.

Flavio Mastrorillo

SOURCES

Euronews. TGV Lyon-Turin : l’exécutif italien temporise https://fr.euronews.com/2019/03/09/tgv-lyon-turin-l-executif-italien-temporise

RFI. Projet de TGV Lyon-Turin : l’Italie reporte le lancement des appels d’offres http://www.rfi.fr/europe/20190309-projet-tgv-lyon-turin-italie-reporte-le-lancement-appels-offres

Sky Tg24. Tav, cos’è e tutte le tappe di una vicenda lunga oltre 20 anni https://tg24.sky.it/cronaca/2018/07/27/tav-cosa-e-tappe.html

Youtube. TELT | Work in progress | December 2018 https://www.youtube.com/watch?v=equ6373kxig

Libero Quotidiano. Tav, c’è l’accordo tra Lega e M5S. Mozione per ridiscutere l’opera https://www.liberoquotidiano.it/news/politica/13432300/tav-accordo-lega-e-m5s-mozione-per-ridiscutere-opera.html

Il Gazzettino. Tav, scontro M5S-Lega. Salvini: “Vado fino in fondo”. Di Maio: “È un irresponsabile” https://www.ilgazzettino.it/politica/tav_ultime_notizie_m5s_governo-4345845.html

La Stampa. Tav, Conte sposa la linea di Di Maio. E il governo va verso la crisi https://www.lastampa.it/2019/03/08/italia/tav-conte-sposa-la-linea-di-maio-e-il-governo-va-verso-la-crisi-CmfzY8OUTKbnB5bzMTMeGM/pagina.html

Léon De Tombeur

Diplômé en Histoire à la Sorbonne et en Relations Internationales à Lyon III, je me suis notamment intéressé à la politique internationale de l’Union européenne. Animé par un désir de contribuer à l’Europe afin de la rendre plus sociale et respectueuse de l’environnement, je me suis rendu à Bruxelles afin de travailler de concert avec les institutions européennes. Ma spécialisation tend davantage vers le domaine de la défense et de la sécurité, j’ai réalisé mon mémoire de fin d’études sur le futur de la défense anti-missile du continent européen. C’est pourquoi j’ai choisi le portefeuille de la coopération judiciaire et policière.

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