- Le Kazakhstan transforme rapidement le pont terrestre eurasiatique de l’Initiative Route de la Soie (BRI) en une ligne de vie essentielle pour le développement durable en Asie centrale.
La liaison transcontinentale eurasiatique UE-Chine : des progrès rapides
Les résultats obtenus sur la nouvelle liaison ferroviaire rapide transcontinentale eurasienne transcontinentale « BRI » de l’initiative Belt and Road (BRI) ont été surprenants : depuis 2015, en quatre ans, le fret en transit Chine-UE-Chine a atteint plus de 2 % du volume conteneurisable (TEU) et environ 6 % en valeur. Au total, RailFreight.com rapporte que l’an dernier 370 000 TEUs furent transportés par rail entre Chine et Europe, une augmentation de 35% par rapport à 2017. Le désequilibre entre traffic cargo est-ouest s’est amenuisé, en 2018: le nombre de trains est-ouest a augmenté de + 37%, alors que le nombre de convois ouest-est s’est accru de + 90%- Environ 75% du traffic cargo est passé par le Kazakhstan (13 mars 2019).
Les progrès surprenants sur les performances de la liaison ferroviaire transcontinentale ont été plutôt inattendus du côté de l’UE, à savoir : des coûts d’expédition des conteneurs réduits de moitié (aujourd’hui moins du double du transport maritime pour un gain d’un mois sur la durée ), des temps de transit du fret ferroviaire pratiquement réduits de moitié d’un bout à l’autre du corridor grâce à des vitesses sur rail et transbordements de conteneurs plus rapides, une digitilisation et harmonisation rapide aux normes internationales des formalités de passage aux frontières , de dédouanement et de transport commercial, ainsi que la mise en place de chaines logistiques multi-modales performantes . Des itinéraires de destination multiples entre l’Union Européenne et la Chine sont désormais régulièrement programmés , ce qui traduit une augmentation rapide des échanges et permet ainsi d’approcher un équilibre est-ouest des convois .
La cargaison de conteneurs UE-Chine-UE transitant par le Kazakhstan est passée à 310 800 TEU en 2018, soit 54% de plus qu’en 2017 (201 200 TEU) – réf : Ministère du développement industriel et des infrastructures – mars 2019, Astana. Cela fut accompagné par un augmentation des trains de 2167 en 2017 à 3384 en 2018, ainsi qu’un nombre plus élevé de plate-formes par train , explique UTLC. (RailFreight.com, 13/03/2019)
Au total, avec environ 400 000 TEU franchissant les frontières chino-kazaques en 2018, et devant atteindre 1 million d’EVP en 2020, le défi est maintenant pour l’infrastructure , le matériel et la logistique de suivre la tendance d’un doublement annuel des flux de conteneurs ferroviaires. Le problème est déjà notable à la frontière polonaise, où la réalisation d’un équivalent “Union européenne” de Khorgos , le “port sec “ ultra-moderne à la frontière Kazkh-Chinoise , se fait toujours attendre. Pour détails: Voir Pierre Borgoltz :
Bien que ses remarquables performances opérationnelles globales aient créé une valeur élevée et un rôle unique pour le pont terrestre ferroviaire eurasien dans le commerce UE-EAEU-Chine, une question clé reste posée : Quelle est en fait la valeur ajoutée du chemin de fer transcontinental eurasien pour le developpement de l’Asie centrale?
La nouvelle liaison ferroviaire transcontinentale rapide restera-t-elle une simple voie de transit au cœur de l’Eurasie ou bien cette liaison de transport essentielle pour l’UE peut-elle également devenir un moteur pour la croissance et la prospérité durables de l’Asie centrale elle-même ?
Les développements récents, tels qu’illustrés ci-dessous, suggèrent que le réseau de transport mis en place dans le contexte du pont terrestre eurasiatique BRI génère également un effet multiplicateur positif conséquent sur les économies nationales en Asie centrale. De plus, l’intégration du pont terrestre eurasiatique dans les stratégies de développement des partenaires d’Asie Centrale semble accélérer les programmes de réforme en matière économique, d’investissement et de commerce , et finalement encourager la plus grande coopération des États d’Asie centrale entre eux.
Dans l’ensemble, le contexte offre ainsi une excellente occasion de renforcer l’engagement de l’UE dans le cadre de la « Nouvelle Strategie UE-Asie Centrale » qui doit être adoptée par le Conseil Européen en juin 2019. La mise en œuvre de la récente Stratégie de connectivité de l’UE envers l’Asie ( Novembre 2018) trouverait aussi de brillantes perspectives pour la réalisation de ses ambitions au coeur de l’Eurasie.
Un rôle pionnier pour le Kazakhstan
Il est utile de rappeler que le Kazakhstan a été l’un des premiers promoteurs de la perspective eurasienne et qu’il s’est engagé résolument dans le projet de pont terrestre eurasiatique de l’IRB dès le début, dans le but de devenir le centre de connectivité au cœur de l’espace eurasien et d’utiliser pleinement son potentiel pour le développement économique et social du pays et de ses voisins.
Des investissements considérables ont été réalisés, notamment à travers le plan national d’investissement 2016-2020 « Nurly Zhol » avec plus de 8,4 milliards de dollars consacrés à la modernisation du réseau de transport national, reliant les macro-régions entre elles et les Etats voisins. Le plan comprend du matériel roulant comme 4000 km de voies ferrées modernisées . Parmi les améliorations notables sur l’axe ferroviaire eurasiatique, on peut noter:
(Voir ci-dessous la carte des nouvelles connexions ferroviaires activées grâce aux investissements kazakhs dans les infrastructures de transport- Source: Ambassade du Kazakhstan auprés de l’UE : Conférence FERRMED, novembre 2018, Bruxelles)
– La ligne ferroviaire à grande vitesse Est-Ouest comprend, à partir de 2018, deux branches allant de la frontière chinoise à la Russie par le Nord via Dostyk/Astana , et par le Sud via Khorgos/Almaty/Atyrau/ Aktube-Kostanai.
– Une nouvelle voie ferrée moderne est sur le point de relier les deux branches en diagonale à travers le pays, d’ Astana à l’ouest du Kazakhstan, ouvrant de nouvelles perspectives de développement économique .
— Un nouveau grand centre logistique de haute technologie, situé à Khorgos, est opérationnel depuis octobre 2016 au poste frontière avec la Chine, avec une capacité de manutention de conteneurs de 5 000 TEU /jour, contre seulement 760 TEU /jour à au précédent poste unique de frontière à Dostyk.
– Vers le sud, le corridor central rail eurasien est relié au Kirghizistan (Bichkek), à l’Ouzbékistan (Tachkent- Ferghana ) et au Turkménistan et Iran (Téhéran – Bandar Abbas) le long du littoral est-caspien.
– Une connection trans-caspienne se met en place avec la Turquie via le Sud Caucase ( ligne rail Kars- Bakou) , avec des installations multimodales de grande capacité dans les ports de Aktau/Kurkik.
– En outre, grâce à la base logistique de transit Sino-Kazakh de Lianyungang, la partie kazakhe a pour la première fois accédé à l’océan Pacifique, la Corée et le Japon en 2017.
En résumé: grâce aux améliorations considérables de l’axe ferroviaire transcontinental eurasiatique, la région d’Asie centrale est finalement désenclavée. Les conteneurs de fret aux frontières ferroviaires kazakhes avec la Chine, Khorgos et Dostyk, ne sont plus qu’à 4 jours par rail des centaines de millions de clients en Chine centrale, et à moins de 10 jours des consommateurs du Marché Unique de l’Union européenne.
2. L’effet multiplicateur puissant du nouveau corridor ferroviaire eurasien en Asie centrale .
En établissant des liaisons efficaces entre l’axe central eurasiatique et ses voisins, le Kazakhstan a effectivement permis de débloquer un potentiel considérable de développement économique , de commerce et d’exportations, non seulement de matières premières, mais aussi de produits manufacturés et alimentaires à forte valeur ajoutée que les conteneurs peuvent désormais facilement transporter sur rail en toute sécurité.
La bonne connectivité de l’axe ferroviaire eurasiatique avec les économies locales en Asie centrale , que desservent de nouvelles plates-formes logistiques multimodales reliées à des zones économiques et industrielles spéciales, multiplie l’impact économique et social. Cela a donc pour effet d’encourager la mise en œuvre de politiques de diversification, d’emploi et de formation professionnelle en Asie centrale . Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ont particulièrement renforcé cette approche au cours de la période récente, en établissant de solides plates-formes manufacturières dans chacune de leurs provinces.
Au Kazakhstan, les investissements dans les industries de transformation ont augmenté de 42 pour cent au cours de l’année (2018), selon Energyprom. La part de l’industrie manufacturière a atteint près de 20 pour cent. Au cours des huit premiers mois de 2018, les industries de transformation ont déjà reçu 745,9 milliards de tenges (2 milliards $US) en investissements. La dynamique positive se développe également dans les régions : lors du Kostanai Invest Forum 2018, le service de presse régional a rapporté ( 12 octobre 2018) que dix-neuf accords d’une valeur de 251 milliards de tenges (680 millions de dollars) avaient été signés. L’Akim (gouverneur) Arkhimed Mukhambetov de la région de Kostanai a noté que le volume des investissements étrangers a presque doublé. L’an dernier, en 2017, 28 accords d’une valeur de plus de 200 milliards de tenges (542 millions de dollars) avaient été signés.
En Ouzbékistan également, à noter comme exemplaire un projet de 250 millions de dollars qui vient d’être signé en novembre 2018 entre l’Ouzbékistan et la Banque Asiatique de Développement pour établir deux grands centres agro-logistiques à Samarkand et Andijan (Ferghana) qui installeraient respectivement 15 et 12 lignes de transformation de produits agricoles et horticoles : production annuelle totale de 1,45 tonnes, dont 85% pour l’exportation. Des installations de stockage, des certificats de qualité et de sécurité, des informations en ligne sur les marchés, des services bancaires, logistiques et douaniers seraient mis à disposition (communiqué de presse de la BAD, 16 nov 2018).
Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, les pays jusqu’à présent les plus liés opérationnellement au pont terrestre ferroviaire transcontinental eurasien, ont accéléré au cours des deux dernières années leurs politiques économiques, commerciales et d’investissements ce qui a permis le développement de nouvelles activités économiques dans un climat beaucoup plus favorable pour les affaires. Comme le montre le dernier classement dans le rapport 2019 Doing Business, le Kazakhstan est placé à la 28ème place mondiale ; le pays a rejoint le Comité des investissempents à l’OCDE en 2017. Le programme de réformes profondes engagées en Ouzbékistan fait une percée sur plusieurs points problématiques précédents. De même, les notes obtenues dans l’indice de logistique s’améliorent progressivement, par ex. le Kazakhstan est passé au 71ème rang de l’indice d’efficacité logistique, en hausse de 6 positions par rapport à 2016 –
Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ont également porté leurs relations et coopération bilatérale à un niveau inédit, ce qui leur permet de tirer le meilleur parti des nouvelles possibilités de connectivité qui se présentent.
Ils ont tous deux conclu des accords pour faciliter la croissance des échanges avec des partenaires clés ou engagé des négociations, comme le Kirghizstan et l’Ouzbékistan avec l’UE pour un accord de partenariat et de coopération renforcée (déjà signé avec le Kazakhstan), ou pour bénéficier des régimes SPG Plus de l’Union Européenne.
Avec leurs principaux marchés d’exportation potentiels, des accords spéciaux sur les normes phytosanitaires et sanitaires ont été conclus sur une série de produits agricoles et alimentaires transformés avec la Chine, l’Iran, les États du Golfe ou l’EAEU (2017). Les résultats ont été rapides, avec une forte croissance des exportations de produits agricoles en 2017 et 2018.
Le Kirghizistan lui-même a fait de la modernisation du secteur agricole et de la production de qualité pour les exportations une priorité majeure dans sa nouvelle stratégie nationale de développement (2018). De nouveaux progrès doivent encore être réalisés en ce qui concerne ses connexions avec les axes ferroviaires à conteneurs rapides eurasiatiques pour pouvoir exploiter tout le potentiel du secteur, c’est-à-dire à travers la vallée de Ferghana au sud ou en liaison avec la section eurasienne d’Almaty – Shymkent dans le nord. Mais il est clair que le gouvernement a misé ses efforts pour saisir les opportunités dorénavant à portée de main .
3. L’effet multiplicateur de la Route eurasienne : indicateurs du processus vertueux en cours.
Quelques illustrations du processus vertueux de transformation déclenché par le pont terrestre eurasien en Asie centrale, en particulier au Kazakhstan et en Ouzbékistan à ce stade, au cours de la période 2017-2018, sont présentées ci-dessous :
3.1 Des trains de conteneurs plus rapides et plus nombreux à travers le Kazakhstan au premier semestre 2018.
(source: RailFreight.com- Business, publié le 02-08-2018)
Les volumes de conteneurs transportés par rail au Kazakhstan pendant le premier semestre 2018 ont plus que doublé d’une année sur l’autre, a annoncé la compagnie ferroviaire nationale Kazakhstan Temir Zholy (KTZ). Au cours des six premiers mois de 2018, 1861 trains de conteneurs ont traversé le pays, pour un total de 180 000 TEU. Il s’agit d’une augmentation de 52 % par rapport à la même période en 2017.
La croissance du trafic de conteneurs a surtout été réalisée en direction et en provenance de l’Ouzbékistan, et à la frontière sud du Kazakhstan. Le trafic entre la Chine et l’Ouzbékistan a augmenté de 66 %, celui entre la Russie et l’Ouzbékistan de 86 % et celui entre l’Ouzbékistan et la Russie de 63 %. Au Kazakhstan, le trafic entre la Chine et l’Europe, sur la Nouvelle Route de la Soie, a représenté 66 % du nombre total de trains de conteneurs. La circulation des marchandises en direction Est a augmenté de 38 %, tandis que le trafic en direction Ouest a augmenté à un rythme plus rapide de 55 %.
A noter l’évolution récente de la connectivité au Sud du Kazakhstan (voie du milieu) via le Turkménistan vers l’Iran : en 2018, à partir du Bolashak, une gare frontalière avec le Turkménistan, dans la région de Mangystau, 400 trains ont été expédiés en 2018, soit deux fois plus qu’en 2017. Les marchandises, notamment le blé, la farine, l’orge, l’avoine et les lentilles, sont exportées en Afghanistan, en Iran et au Turkménistan.
3.2 La coopération entre l’Ouzbékistan et le Kazakhstan se développe.
Les dirigeants avaient annoncé l’année 2018 comme « Année de l’Ouzbékistan au Kazakhstan » et 2019 comme « Année du Kazakhstan en Ouzbékistan ». En mars 2019, un plan conjoint de visas a été annoncé pour faciliter les déplacements entre les deux pays – une ligne d’autobus entre Astana et Tachkent est en cours d’établissement.
Leur accord de 2016 prévoyait des plans commerciaux pour les produits pétroliers, électriques, techniques, pharmaceutiques et agro-industriels.
De fait, le chiffre d’affaires du commerce bilatéral a atteint 2 milliards de dollars en 2017, soit 31,2 % de plus qu’en 2016, et il a encore augmenté de 52 % entre janvier et juin 2018. Ce chiffre a été estimé à 1,9 milliard de dollars entre janvier et août 2018 et cette année, les parties cherchent à le porter à 3 milliards de dollars. D’autres efforts concertés seront déployés dans un proche avenir pour assurer la poursuite de la croissance, qui doit passer de 3 milliards de dollars actuellement à 5 milliards de dollars d’ici à 2020. En outre, il a été décidé d’organiser des groupes de travail bilatéraux sur le transport de marchandises dans le trafic d’import-export et de transit entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, ainsi que sur le développement des centres logistiques de transport sur le territoire ouzbek et afghan.
Les principales exportations du Kazakhstan vers l’Ouzbékistan sont les produits du blé, les produits semi-finis en acier non allié et en fer, les concentrés de zinc et l’aluminium non transformé. Les exportations se sont élevées à 1,3 milliard de dollars en 2017, soit une augmentation de 35 % par rapport à l’année précédente, en 2016. En huit mois (2018), l’Ouzbékistan a importé pour plus de 400 millions de dollars de produits alimentaires, soit 1,6 fois plus qu’à la même période en 2017. Les produits kazakhs représentent 36 pour cent de ce montant. Près de 50 pour cent des produits alimentaires exportés par l’Ouzbékistan étaient destinés au Kazakhstan, »
Fin 2017, une entreprise conjointe de logistique a été créée, rassemblant deux opérateurs importants de part et d’autre de la frontière. En mai 2018, le Kazakhstan Temir Zholy et l’Ouzbékistan Temir Yollari sont convenus d’accroître le transport de marchandises, y compris le développement de la coopération dans le secteur du transport et de la logistique. Il est prévu de créer une joint-venture entre « Format Match Company », « Uzzheldorremmash » et Foundry and Mechanical Plant. Les parties ont convenu de coopérer activement à la livraison des produits ferroviaires. Des mesures seront prises pour assurer le transport sans entrave du grain et de la farine kazakhs à travers la frontière ouzbéko-afghane, l’élimination de la congestion saisonnière et le retour rapide du matériel roulant ferroviaire
Depuis le début de 2018, le volume total du transport ferroviaire de marchandises entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan a augmenté de 24% par rapport à la même période de l’année précédente et s’est élevé à 7.763.000 tonnes de marchandises. Dans le même temps, les exportations de fret (en volume) du Kazakhstan vers l’Ouzbékistan ont augmenté de 36%, les importations au Kazakhstan en provenance de l’Ouzbékistan de 17%. Le trafic de transit par le Kazakhstan à destination / en provenance / à travers l’Ouzbékistan a augmenté de 15% à 3 627 mille tonnes.
Le Kazakhstan facilite également les liaisons de l’Ouzbékistan avec les routes eurasiatiques du Nord. Depuis son lancement, en mars 2018, le service ferroviaire de la Route d’Eurasie du Nord depuis le port russe de Nakhodka-Vostochny à travers le Kazakhstan jusqu’en Ouzbékistan et vice versa enregistre une demande croissante et il est maintenant fermement établi. La liaison a déjà été étendue à un autre (troisième) train-bloc, de sorte qu’un départ tous les dix jours dans les deux sens peut désormais être proposé. Le temps de transit est compris entre onze et douze jours.
Sur ce service, la filiale russe InterRail coopère étroitement avec l’Ouzbékistan en organisant la location des wagons, la manutention portuaire, la facturation du fret et la mise en place des trains complets. De plus en plus, la demande pour ce service ferroviaire provient de pays asiatiques comme la Corée du Sud, la Chine, le Japon, la Malaisie, le Vietnam et l’Indonésie. Les importations en Ouzbékistan sont principalement de l’équipement pour l’industrie automobile, des pièces automobiles, des articles ménagers, des résines et bien d’autres. Les produits d’exportation ouzbeks sont le fil de coton et la pulpe de coton, les textiles, le cuivre, la cellulose, les engrais, etc.
En conclusion : Les Présidents ont noté : » Il existe un réseau de transport unique qui permet de transporter des marchandises dans un laps de temps très court. Ce réseau dense de chemins de fer et d’autoroutes et leur coordination permettront de développer nos liens et d’attirer d’autres partenaires dans la région « , a déclaré le ministre de l’Agriculture, qui a déclaré que l’agriculture est un autre domaine important pour les deux pays. La participation du Kazakhstan à la numérisation intéresse l’Ouzbékistan. Président Mirzioev- « Le Kazakhstan a une vaste expérience de la numérisation économique et de la mise en œuvre du programme Kazakhstan numérique. Nous sommes prêts à coopérer à l’introduction de technologies numériques avancées dans l’industrie, l’agriculture, la finance et les partenariats public-privé ».Source : Communiqué de presse Rencontre entre le Président Nazarbaeyv et Mirzioyev – 20 octobre 2018)
3.3 Commerce et transport ferroviaire bilateral- Kazakhstan – Chine en croissance
Aperçu du commerce Kazakhstan-Chine en 2018 : (Janvier-août 2018)
En janvier-août de l’année en cours 2018, le chiffre d’affaires du commerce mutuel s’est élevé à 7.251,2 millions de dollars, soit 11,3% de plus sur un an. Les exportations ont augmenté de 5,9%, à 3 753,7 millions de dollars.
Parmi les principaux produits d’exportation sont les produits agricoles – 157 millions de dollars, une augmentation de 48,4% (part dans les exportations – 5%), le cuivre et les cathodes de cuivre – 862,4 millions de dollars, une augmentation de 27,1% (23% part dans les exportations), gaz naturel – 635 $.7 millions de dollars (part de 16,9 %), soit sept fois (544,2 millions de dollars), les ferro-alliages – 511 millions de dollars (part de 13,6 %), les minerais de cuivre et leurs concentrés – 491,2 millions de dollars (part de 13,1 %) et le pétrole brut 414,7 millions de dollars (part de 11 %).
Evolution du trafic de fret ferroviaire Kazakhstan- Chine – 2017-2018
Le trafic ferroviaire entre le Kazakhstan et la Chine a connu une hausse importante en 2018. Le trafic en direction Est , vers la Chine, a considérablement augmenté en particulier, avec plus de 50 pour cent. Il s’agit d’un jalon positif pour le trafic ferroviaire eurasiatique, qui avait vu la majorité du trafic se diriger vers l’ouest.
Selon la Compagnie nationale des chemins de fer kazakhs, Temir Zholly (KTZ), les volumes de fret ferroviaire entre le Kazakhstan et la Chine ont atteint 13 979 millions de tonnes en 2018, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2017. Quelque 8 500 millions de tonnes de marchandises ont été transportées du Kazakhstan vers la Chine, soit 54 % de plus qu’en 2017.
« Les représentants des administrations ferroviaires kazakhes et chinoises ont approuvé les volumes de trafic prévus de plus de 15 700 millions de tonnes de fret pour 2019. Il a été convenu de transporter les céréales dans les « big bags » et les wagons spécialisés avec réarrangement des essieux montés et des conteneurs à destination des stations d’Alashankou et de Khorgos, ainsi que de mobiliser des wagons-citernes pour l’huile végétale pouvant atteindre 500 000 tonnes du Kazakhstan et de la Russie à la Chine par les postes frontière Alashankou-Dostyk. 280.000 tonnes de tuyaux pour gazoducs seront transportées de la Chine au Kazakhstan en 2019 », rapporte le service de presse de KTZ.
A noter qu’en 2018, le port sec de Khorgoz à la frontière chinoise a traité 133 900 TEU de fret conteneurisé, contre 45 000 TEU pour toute l’année 2017. De nouveaux itinéraires sont développés : de janvier à octobre 2018, 21 000 TEU sont venus de Xi-an sur 508 trains, soit quatre fois plus qu’en 2017.
Le Premier vice-président de KTZ ( Kazakhstan Temir Zholym), Mr. Kanat Almagambetov a ainsi souligné: « Des mesures conjointes contribuent à accroître le volume du transport de marchandises par rail à travers nos points de passage frontaliers avec la Chine. Elle crée également des opportunités pour le fonctionnement efficace d’un espace ferroviaire unique dans la région eurasienne « .
4. L’effet multiplicateur du pont terrestre eurasien sur le développement durable de l’Asie centrale : une grande opportunité pour l’Union Européenne
L’impact global potentiel du pont terrestre transcontinental eurasiatique de l’IRB a été clairement souligné par Mr. Suma Chakrabarti, Président de la BERD, lors du récent Forum d’investissement BRI-Asie centrale à Beijing (14 novembre 2018).
« Les pays situés le long du pont terrestre eurasiatique pourraient accroître leurs perspectives de croissance du PIB de 4 à 6 % en adoptant les réformes juridiques et économiques correspondantes. Le corridor n’était pas seulement une infrastructure de ligne de transport, mais un puissant vecteur de développement économique et social ».
Alors que le Land Bridge ferroviaire vient de décoller, l’observation préliminaire suggère que les pays d’Asie Centrale ont clairement entendu le message.
Le Kazakhstan est en train de s’imposer comme une plaque tournante de connectivité efficace au cœur de l’espace eurasien, reliant les voies de communication Est-Ouest et Nord-Sud. La nouvelle proximité d’immenses marchés prospères et les performances éprouvées du pont terrestre transcontinental ouvrent de nouvelles perspectives sans précédent en matière de commerce et d’investissement non seulement pour le Kazakhstan mais aussi pour les économies voisines d’Asie centrale, qui se connectent progressivement à l’espace eurasiatique et s’engagent dans de grandes réformes économiques et juridiques pour attirer les investissements et le commerce, comme en Ouzbékistan et au Kirghizstan.
Depuis 2017, les Présidents des états d’Asie Centrale ont décidé de se réunir régulièrement pour avancer leur développement de concert et affronter les défis communs de la région par des actions coordonnées. L’amélioration des transports et des échanges est une grande priorité. Le commerce entre les pays d’Asie centrale eux-mêmes, encore très modeste, env. 10%, se trouve appuyé par la nouvelle voie connectivité : « En 2018, les échanges intra-Asie centrale ont progressé de 35 % pour atteindre $ 12,2 milliard. L’objectif est de créer les conditions pour une augmentation multiple du volume des échanges de marchandises, en avançant le développement durable des pays de la région « Mr. Eliyor Ganiyev , Vice Premier Ministre de l’Ouzbékistan – Premier Forum Economique d’Asie Centrale – 15 mars 2019, Tashkent).
Lors de la Ministérielle UE-Asie Centrale, fin novembre 2018, le Ministre Kazakh des affaires étrangères avait annoncé que le Kazakhstan était prêt à fournir une plate-forme pour l’ouverture d’un dialogue entre l’UE, l’Union économique eurasienne (EAEU), et la Chine en vue d’interactions visant à améliorer encore les performances du corridor de transport et de commerce du pont terrestre Eurasiatique. Un tel format serait une excellente occasion pour l’UE de mettre en œuvre sa nouvelle stratégie de connectivité vers l’Asie, avec un impact favorable pour l’ensemble de la région.
” L’interaction de l’UE et de l’Asie centrale avec les plus grands projets économiques de l’espace eurasien, à savoir l’Union économique eurasienne et l’initiative Belt and Road, peut faire de l’Asie centrale un lien important dans les relations économiques mondiales ». « Une coopération plus étroite comprendrait l’introduction d’un nouveau paradigme technologique et d’éléments de numérisation, l’interfaçage des infrastructures de transport et de logistique des parties, des mécanismes de financement, le partage des expériences en matière d’efficacité énergétique et l’introduction de technologies vertes ». (Ambassade du Kazakhstan, Bruxelles, Communiqué de presse, 23 novembre 2018).
Dans ce contexte, l’invitation du Kazakhstan, un partenaire clé de l’Union européenne, résonne comme un appel tout à fait opportun pour renforcer l’effet multiplicateur vertueux du pont terrestre transcontinental eurasien sur le développement durable de l’Asie Centrale, région dont le caractère stratégique pour l’Union Européenne s’affirme toujours plus. L’impact remarquable du nouveau pont transcontinental ferroviaire des ”Routes de la Soie” au cœur de l’Eurasie devient aussi une grande opportunité pour dynamiser la nouvelle Stratégie de l’UE envers l’Asie centrale que le Conseil Européen doit adopter en Juin 2019 confirmant son engagement pour le développement durable, la prospérité et la sécurité de la région.
Pierre Borgoltz