Lundi 1er juillet et mardi 2 juillet 2019, l’Union des Fédéralistes Européens (UFE) a co-organisé -avec I Choose Europe, les jeunes européens fédéralistes, le groupe Spinelli et We are Europe- une série d’événements dans la ville de Strasbourg. Ils étaient en lien avec l’investiture du nouveau Parlement Européen (PE) dont la première séance plénière a eu lieu les 3 et 4 juillet. Y participer fût l’occasion de prendre la mesure des ambitions fédéralistes au sein de l’Union Européenne (UE) et de leur résonance, particulièrement auprès du PE et de ses nouveaux élus.
Lundi 1er juillet, les fédéralistes se sont tout d’abord retrouvés pour une agora citoyenne autour de cinq tables rondes axées sur les problématiques suivantes : démocratie, défense, changement climatique, économie et migration.
Pour rendre compte des travaux qui ont été mené à chaque table ronde, nous allons prendre l’exemple de la défense. L’Europe a pour volonté d’établir une politique étrangère et de sécurité. La table ronde travaillant sur ce thème a relevé plusieurs critiques, interrogations et suggestions.
Au-delà du questionnement sur les choix des termes (fallait-il parler uniquement de défense ou de défense et de politique étrangère de l’UE, notamment), des problématiques très concrètes sont ressorties des débats. Le manque de cohérence de l’Europe entre son exportation d’armes et sa volonté de paix a notamment été soulevé. Ce problème est vu comme étant bien plus qu’un problème institutionnel : la question est celle de la cohérence entre les réalisations de la défense au sein de l’UE et les valeurs européennes.
L’autonomie stratégique avec le renforcement du système multilatéral et des institutions internationales (comme les Nations Unies) est un autre point qui a suscité des questionnements. S’en sont suivis des questionnements plus précis sur “l’égoïsme” des États membres, les bénéfices de la recherche d’une défense commune, la prise en compte de l’opinion publique dans le processus, ou encore le budget alloué à la défense ainsi que la gestion de ce dernier.
Finalement, les débats ont mené à la création de slogans en préparation de la manifestation du mardi 2 juillet devant le Parlement européen.
À la suite de ces tables rondes, les fédéralistes ont rencontré à l’Association Européenne Parlementaire (APE), les députés nouvellement élus au Parlement partageant leurs convictions fédéralistes – quoiqu’à divers degrés. Nathalie Loiseau, tête de liste de La République en Marche (LREM) était notamment présente malgré son refus de se déclarer fédéraliste. Les député·e·s ont pu se présenter rapidement puis, réparti·e·s dans cinq salles correspondant aux cinq thématiques précédemment abordées, ils et elles ont pu échanger avec les citoyens et citoyennes présents.
Il s‘agira à nouveau de prendre l’exemple de la salle “défense” et plus précisément de l’intervention de la nouvelle députée européenne française : Nathalie Loiseau. Les échanges qui ont eu lieu ont été l’occasion pour les fédéralistes d’attirer l’attention de leurs député·e·s nouvellement élu·e·s sur des problématiques précises. La question de Chypre a ainsi pu être présentée à Mme Loiseau, qui a saisi cette occasion pour critiquer les priorités portées par Mme Mogherini durant son mandat. Plus précisément, elle a regretté l’accent mis par la haute représentante de l’Union aux affaires étrangères sur la problématique Nord-coréenne, indiquant que si cette dernière était effectivement importante, elle n’était sans doute pas prioritaire pour l’espace européen, contrairement à la question chypriote, nord africaine ou encore balkanique.
Mme Nathalie Loiseau a notamment mis l’accent sur la nouvelle prise de conscience par les européens et européennes de menaces communes. Elle a ainsi souligné que les attaques terroristes avaient permis de réaliser le caractère global et européen de ces problématiques.
Au-delà des réponses apportées, les député·e·s ont pu saisir cette occasion pour confronter leurs opinions. Au-delà du fait que toutes et tous ne partageaient pas nécessairement le même degré d’accord avec les ambitions fédéralistes des organisateurs de cette rencontre, ils ont également pu s’opposer sur leurs priorités et les solutions envisageables sur chacune des cinq problématiques. Mme Loiseau a ainsi vu ses arguments être vivement contestés par la députée européenne allemande du groupe vert Hannah Marie Neumann, notamment sur le niveau du budget de la défense mais aussi sur le problème de souveraineté.
Mardi 2 juillet, les fédéralistes se sont rejoints devant le PE pour une manifestation publique. Ils y ont déployé banderoles, drapeaux et slogans accrocheurs afin d’attirer l’attention de l’opinion publique et des députés européens sur leur cause. On pouvait ainsi les entendre scander en italien, français et anglais que Spinelli avait raison et que le futur de l’UE se trouvait dans le fédéralisme et non dans les nations.
Si les fédéralistes n’ont manqué ni d’enthousiasme ni d’énergie, ils se sont cependant heurté à un problème majeur dans leur recherche de visibilité : le même jour, une manifestation pour la cause catalane a eu lieu et a réuni plusieurs milliers de personnes, là où les fédéralistes se comptaient en centaines d’individus.
De ce fait, la manifestation organisée par les fédéralistes n’a sans doute eu qu’un faible écho dans la presse. Cependant, il semblerait que leur objectif ait plutôt été de faire entendre leur voix auprès des député·e·s nouvellement élu·e·s. Ils et elles ont ainsi eu l’occasion, en deux jours, de le faire par deux fois : tout d’abord en établissant un cadre d’échange avec des député·e·s plus ou moins sensibles à leur cause, puis en cherchant à les interpeller avant le début de leur séance plénière.
Quant à savoir si leurs revendications seront entendues et éventuellement reprises par les député·e·s, il s’agira de suivre les développements des débats et des prises de décision du PE.
Laurie Crayssac et Anouk Deana